Les douleurs nerveuses sont continues ou paroxystiques et se caractérisent par leur type. Les patients ne parlent pas de coup, de broiement ou de tension comme dans la pathologie osteo-musculo-tendineuse mais de morsure, de brûlure, de chaleur, de fluide glacial, de cuisson, de serrement. Ce sont des dysesthésies ressenties dans la profondeur des membres pouvant prendre l’allure de décharges fulgurantes.
Elles sont souvent déclenchées par les stimulations des nocicepteurs superficiels comme le frottement de peau mais aussi spontanées. Elles sont éventuellement associées à d’autres signes neurologiques déficitaires moteurs ou sensitifs et à des troubles vaso-moteurs. Leur topographie est systématisée correspondant à un territoire de dépendance nerveuse cohérent : la douleur suit le trajet de la racine nerveuse ou du nerf atteint et enfin elles sont très peu sensibles aux antalgiques périphériques classiques.
Les douleurs nerveuses de topographie radiculaire
Comme les sciatalgies (L5, S1), les cruralgies (L3, L4), les cervicobrachialgies (C6, C7, C8) communes par arthrose ou hernie discale avec un rythme mécanique. Elles sont relativement bien calmées par le repos ce qui les différencie des radiculalgies symptomatiques tumorales ou infectieuses déterminant des douleurs permanente diurnes et nocturnes. Dans ce paragraphe on intègre les douleurs radiculaires du zona faites de brulures intenses et associées à des lésions cutanées vésiculaires en bouquet le long du trajet de la racine nerveuse atteinte.
On peut aussi inscrire à ce chapitre le canal lombaire étroit qui donne un tableau de claudication douloureuse intermittente uni- ou pluri-radiculaire des membres inférieurs ou une lomboradiculalgie bilatérale des MI apparaissant à la marche et obligeant à l’arrêt au bout d’une certaine distance (périmètre de marche, à chiffrer en mètres ou en minutes), le patient peut repartir après un temps de repos.
Les douleurs multi-radiculaires par atteinte des plexus
C’est le plexus brachial qui est surtout intéressé par les douleurs nerveuses multi-radiculaires avec des lésions le plus souvent traumatiques par étirement.
- Mécanique : syndrome du défilé thoraco-brachial : syndrome canalaire par compression du plexus et des vaisseaux axillaires ; s’associent volontiers des paresthésies, un œdème ou des signes d’ischémie (fatigabilité, froideur) du membre supérieur, positionnels (bras en l’air, positions pendant le sommeil) ;
- Tumorale : Syndrome de Pancoast-Tobias associant un syndrome plexique brachial inférieur à des douleurs éventuellement associé à un syndrome de Claude Bernard-Horner, par cancer de l’apex pulmonaire. Tumeurs du creux axillaire.
- Inflammatoire syndrome de Parsonage-Turner(névralgie amyotrophique de la ceinture scapulaire) évolue en deux temps : très intenses douleurs initiales de l’épaule et du membre supérieur, puis atténuation des douleurs remplacée et installation d’un déficit moteur proximal avec amyotrophie, récupération lente. Cause inconnue.
- Post-radique apparaissant après des traitements par rayons.
Douleur de topographie tronculaire
Douleurs nerveuses bien systématisées correspondant à un tronc nerveux individualisable.
Traumatique ou par compression tumorale : dépend de la topographie, etc.
Mécanique : syndromes canalaires : Ex. type : syndrome du canal carpien par compression du nerf médian au poignet. Douleurs et paresthésies nocturnes des 3 premiers doigts, manœuvres de provocation (Tinel, Plallen), tardivement, déficit sentivo-moteur le plus souvent idiopathique (femme ménopausée), ou secondaire (rhumatisme inflammatoire, diabète, hypothyroïdie, etc.).
Autres syndromes canalaires : nerf ulnaire au coude, nerf fibulaire à la tête de la fibula, etc.
Les atteintes inflammatoires
Mononévrites : Rechercher notamment une maladie auto-immune ou une vascularite.
Douleurs nerveuses de membre fantôme : ou algo-hallucinose ressenties dans un territoire de membre amputé reproduisant les douleurs qui existaient avant l’amputation.
Douleurs nerveuses diffuses
Polynévrite : atteinte bilatérale et symétrique à prédominance distale et à prédominance sensitive ou sensitivo-motrice : paresthésies, dysesthésies, déficit sentivo-moteur « en chaussettes ».
Polyradiculonévrite Syndrome de Guillain et Barré : atteinte inflammatoire de mécanisme immunologique ; première phase d’extension le plus souvent sensitive : paresthésie douloureuse, ascendante (de périphérique à proximal) en une dizaine de jours puis atteinte des nerfs crâniens.
Atteinte du système nerveux central
Les diverses atteintes du système nerveux central peuvent s’accompagner de sensations douloureuses des membres, mais ces douleurs sont en général à l’arrière-plan d’un tableau neurologique plus bruyant notamment de compression médullaire ou de sclérose en plaque
A connaitre : le syndrome thalamique avec une douleur qui intéresse la moitié du corps opposé à la lésion qui siège surtout aux extrémités des membres intense ou sourde mais avec des crises exacerbées par les frôlements, la stimulation thermique. Les troubles sensitifs objectifs concernant les modalités discriminatives sont constants (sens arthrokinétique, discrimination tactile, pallesthésie) de même que des troubles de la sensibilité thermo-algique associés à une hyperpathie.