Selon l’INSERM, l’arthrose est la maladie articulaire la plus répandue. Elle touche aujourd’hui 10 millions de français dont 65% ont plus de 65 ans. En 2050, en raison de l’allongement de l’espérance de vie estimée à 89 ans pour les femmes et 82 ans pour les hommes, 22.4 millions de français seront âgés de plus de 60 ans. A ce rythme, 30% des français souffriront de l’arthrose du fait du vieillissement de la population.
L’arthrose peut toucher toutes les articulations : la colonne vertébrale, les doigts, les genoux, les hanches, on parle alors respectivement d’arthrose rachidienne, de rhizarthrose, de gonarthrose, de coxarthrose… Intéressons-nous aujourd’hui à la définition de l’arthrose. Qu’est-ce que l’arthrose ? Que se cache-t-il derrière ce terme et cette maladie ? Pour répondre à ces questions, nous avons interrogé le docteur Thierry Conrozier, rhumatologue à l’hôpital Nord Franche-Comté, spécialiste de l’arthrose et membre du groupe d’experts Européen sur le traitement de l’arthrose par viscosupplémentation EUROVISCO.
Qu’est-ce que l’arthrose ?
« Il y a de nombreuses manières de définir l’arthrose. L’arthrose est la maladie articulaire la plus fréquente. Si on se limite à la définition du Petit Larousse, on dira que l’arthrose est une maladie rhumatismale dégénérative due à la destruction du cartilage articulaire d’une ou plusieurs articulations et dont la fréquence augmente avec le vieillissement. C’est l’image qu’on a globalement de l’arthrose et d’une maladie articulaire qui touche les personnes âgées.
L’Organisation Mondiale de la Santé, l’OMS donne une définition différente de l’arthrose. Elle se place sous l’angle physiologique. L’arthrose apparait alors comme la conséquence de phénomènes mécaniques et biologiques qui vont déstabiliser l’équilibre entre la synthèse et la dégradation du cartilage articulaire ».
Traduisons en « bon français » la définition de l’arthrose de l’OMS ?
« L’arthrose est la conséquence de phénomènes mécaniques anormaux (comme le surpoids, la sur-utilisation d’une articulation du fait de la pratique d’un sport ou d’une profession, d’un traumatisme comme une entorse ou une fracture) et de phénomènes métaboliques (comme l’obésité ou le diabète). Tous ces phénomènes vont perturber l’équilibre qui est normalement parfait entre la fabrication du cartilage et sa destruction. Un sujet normal va fabriquer exactement la même quantité de cartilage qu’il en détruit, de façon qu’on ait un équilibre. L’arthrose est la conséquence d’un déséquilibre.
Au cours de l’arthrose il se produit une augmentation de la dégradation et une diminution de la fabrication du cartilage ce qui va aboutir dans un premier temps à une fragilisation puis à une usure du cartilage. Les petits débris de cartilage vont irriter la membrane synoviale, dont le rôle principal est de produire le liquide « synovial » qui nourrit et lubrifie le cartilage. La membrane synoviale étant très riche en terminaisons nerveuses, son irritation va provoquer des douleurs, parfois un gonflement de l’articulation, conduisant généralement à faire le diagnostic de la maladie. Une fois le cartilage usé, c’est son tissu de soutien qui va être altéré. Que retrouvons-nous sous le cartilage ? L’os, appelé « os sous chondral ». L’os sous chondral va être atteint, et subir d’importantes modifications, responsables de douleurs et d’une aggravation de la perte de cartilage.
L’arthrose une maladie articulaire complexe
L’arthrose est donc une maladie articulaire beaucoup plus complexe que ce que nous pensions, il y a quelques années ». On sait maintenant qu’elle débute de nombreuses années avant l’apparition des symptômes. La nouvelle définition de l’arthrose insiste sur cette phase « cellulaire » (indolore) qui précède l’arthrose « maladie » (symptomatique). En introduisant la notion d’une phase « préclinique » silencieuse, cette nouvelle définition de l’arthrose sous-entend que, dès lors que ces anomalies cellulaires existent, il conviendrait, en théorie, d’en prévenir le développement pour éviter le risque du passage de l’arthrose « cellulaire» à l’arthrose « maladie ».
Entretien avec le Docteur Thierry Conrozier
Rhumatologue au Centre Hospitalier Nord Franche-Comté
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