Le trail, l’art de pratiquer la course à pied au milieu de la nature, au cœur des montagnes compte environ 800 000 pratiquants en France. Outre l’ultra-trail du Mont Blanc qui regroupe les meilleurs spécialistes de la discipline, on compte aujourd’hui plus de 2500 épreuves en France. Peu importe ses objectifs, défi personnel, challenge entre amis, dépassement de soi, les trails séduisent toutes les générations et attire de plus en plus d’adeptes. Comment se lancer dans cette discipline ? Nous avons posé la question au préparateur physique Olivier Allain, responsable du Centre de réathlétisation et de réadaptation à l’effort BOAX à Lyon.
Avant de parler « trails », pourriez vous vous présenter ?
“Je me présente : Olivier ALLAIN, je suis préparateur physique depuis presque 15 ans maintenant avec à mon actif de nombreuses expériences dans le sport amateur et de haut niveau, que ce soit dans le suivi d’équipes (le rugby particulièrement) mais aussi et surtout dans le suivi individuel d’athlètes de différentes disciplines sportives, de particuliers et de personnes présentant des pathologies. Curieux de nature et touche à tout, je suis aussi bien tourné vers la performance que le sport santé. Je suis également formateur, entrepreneur et auteur de nombreux articles de référence dans les domaines de l’entraînement sportif et de la santé.
Depuis 2019, je gère le Centre Boax, une structure de préparation physique, de réathlétisation et de réadaptation à l’effort que j’ai créé à Lyon dans laquelle j’accueille un large panel de clients aussi bien des sportifs (amateurs et professionnels) que des non-sportifs et des personnes présentant des pathologies. Ils me consultent pour des besoins souvent très spécifiques qui nécessitent un accompagnement sportif particulier que l’on ne retrouve que dans de très rares structures comme la mienne.”
Les trails comptent de plus en plus d’adeptes en France, quels conseils donneriez-vous aux personnes qui se lancent dans cette discipline ?
“Avant toute chose d’avoir une expérience, un vécu de la course à pied (gestion des efforts et des rythmes) et la condition physique pour le faire. Avant de se mettre au trail, il nécessaire d’être régulier, progressif et de connaître ses limites. Ce sont des préceptes importants, souvent négligés et de moins en moins bien enseignés. Travailler sur ses sensations et son ressenti est primordial. Personnellement, c’est sur quoi j’insiste particulièrement auprès de mes clients, surtout auprès des débutant(e)s, dans notre société de surconsommation, nous ne prenons plus le temps de bien faire les choses, tout doit aller vite. À tort. À vouloir griller les étapes, on en sort finalement perdant : surentraînement, blessures… De mon expérience, acquérir des bases durables et solides est essentiel. C’est mettre toutes les chances de son côté pour durer.
D’une célèbre tirade d’une fable de Jean de la Fontaine (Le lièvre et la tortue) que j’adore et qui est un de mes fondements : « Rien ne sert de courir, il faut partir à point ». Autre point important : on n’oubliera pas le suivi et l’encadrement (para)médical (médecin, kinésithérapeute, ostéopathe…) approprié selon le niveau et la fréquence de pratique.”
Comment se préparer pour son prochain trail ? Quelles sont les étapes et les règles à suivre pour progresser ?
“Tout dépend le profil physique et psychologique, le vécu, les objectifs et les disponibilités dont va découler la fréquence de la pratique. Le point de départ reste l’état de forme et la condition physique à l’instant « T ». Les règles sont simples : tout est question de bon sens. En plus de la RÉGULARITÉ et de la PROGRESSIVITÉ de l’entraînement ou les courses de préparation (en vue d’une compétition), il est primordial de VARIER, ALTERNER, et surtout ADAPTER.
La recherche du dépassement de soi que les trails exigent, surtout s’il s’agit de faire une « perf », demande une préparation très rigoureuse. Je conseille également de savoir bien s’entourer et ne pas hésiter à consulter un entraîneur et/ou un préparateur physique.
L’entraînement spécifique sur le terrain (foncier et technique) reste de mise, le renforcement musculaire est d’autant plus important que les objectifs sont inhabituels ou élevés. Notamment en ce qui concerne le renforcement des ceintures abdominale, pelvienne et scapulaire, des membres inférieurs et plus particulièrement des muscles propulseurs et stabilisateurs dans les différents régimes de contractions musculaires, avec une évolution en fréquence, en volume puis en intensité.”
Pour beaucoup les trails ne nécessitent pas de connaissances techniques particulières, partagez vous cette vision ?
“À ce sujet, il existe de nombreuses méthodes et approches qui ont tendance à vouloir standardiser les techniques de course (attaque talon ou médio-pied) et les profils de coureurs. Même s’il y a des choses à prendre, il y a aussi des choses à laisser. Comme pour tout. Sans rentrer dans le débat, je pars du principe que chacun(e) doit trouver sa propre technique adéquate selon sa motricité de base. Il n’y a qu’à observer les coureuses et coureurs : personne n’a la même foulée, la même motricité, et donc tout le monde ne bouge pas de la même façon. Nous ne sommes pas des robots !
Par principe, une bonne technique de course doit être à la fois économique mais aussi et surtout écologique, c’est-à-dire qu’elle doit générer le moins de contraintes articulaires possible. Si le corps s’adapte, il privilégiera toujours les mouvements les moins coûteux énergétiquement parlant, selon les aptitudes et les disponibilités motrices à l’origine de ce que l’on a l’habitude d’appeler les compensations. Tout le monde compense plus ou moins bien, c’est un fait.”
Olivier Allain,
Préparateur Physique
Responsable du Centre de réathlétisation et de réadaptation à l’effort BOAX à Lyon